Le petit peuple du chemin blanc
Un chemin de cailloux blancs qui sillonne, sur six kilomètres, entre deux zones où prospère le carex. C’est ce chemin que j’arpente depuis trois ans appareil photo en bandoulière. Inspectant les bordures, le nez au sol, les fesses en l’air, j’y rencontre une faune aussi invisible qu’exceptionnelle : des insectes, des araignées et autres bestioles. Mon petit peuple. Un monde semblable à un iceberg pour le promeneur qui n’en distingue qu’une infime partie. Un univers de couleurs, de formes, de mœurs et d’interactions fabuleux pour celui qui y plonge.
Avec ces images, loin de représenter toute la variété de mes rencontres, j’espère inviter le spectateur à percevoir ces animaux différemment. Je ne suis ni un entomologiste, ni un naturaliste. Je suis un photographe amoureux de la nature. Mon seul but est de révéler la beauté qui se cache sur ces deux bandes de végétation que sépare un chemin blanc.
Frédéric Fromentin
« Vous éventrez la bête et moi je l’étudie vivante ; vous en faîtes un objet d’horreur et de pitié, et moi je la fais aimer ; vous travaillez dans un atelier de torture et de dépècement, j’observe sous le ciel bleu, au chant des cigales ; vous soumettez aux réactifs la cellule et le protoplasme, j’étudie l’instinct dans ces manifestations les plus élevées ; vous scrutez la mort, je scrute la vie […] Or, si j’écris pour les savants, pour les philosophes qui tenteront un jour de débrouiller un peu l’ardu problème de l’instinct, j’écris aussi, j’écris surtout, pour les jeunes, à qui je désire faire aimer cette histoire naturelle que vous faîtes tant haïr […]. »
Jean-Henri Fabre, Souvenirs Entomologiques – Etudes
sur l’instinct et les mœurs des insectes, tome 1.